Ulcère De Buruli : une maladie tropicale négligée

L’Ulcère de Buruli est une maladie infectieuse dûe à un microbe que l’on appelle « Mycobactérium Ulcerans », il fait partie de la famille des « Mycobactéries », comme la Tuberculose, la lèpre et aussi d’autres infections moins fréquentes. 

Dans le mot « Mycobacterie » on voit apparaître la racine Myco, comme les mycoses, maladies dûes à un champignon. Avec l’Ulcère de Buruli nous avons à faire à un microbe qui est lent à se développer dans l’organisme, comme les champignons, mais qui n’en est pas un. 

Mycobacterium ulcerans
Cette mycobactérie vit sur les plantes aquatiques, le long du fleuve Ouémé et du Mono pour le Bénin, mais il est présent dans de très nombreux pays tropicaux comme ceux des pays en développement, mais aussi dans des pays développés comme l’Australie où ce germe a été mis en évidence, au Japon aussi, ainsi que dans certains pays du continent sud-américain (Guyane, Brésil, etc). 

Actuellement, 33 pays déclarent des malades atteints d’ulcère de Buruli touchant les populations près des rivières et des zones inondables par les crues des fleuves , comme l’Ouemé pour le Bénin, dont le Delta forme la lagune où se trouve So-Tchanhoué. Mais la lagune est peu touchée, car 9 mois par an, l’eau est saumâtre avec la remontée des eaux de l’océan, eau peu propice au développement des végétaux qui sont détruits par le sel. Par contre les villages peu exposés à l’inondation comme So-Ava, Akassato, Gbessou, Dekanmey ont des cas.

Comment se présente cette maladie ?

Le germe entrant dans le corps, soit par la piqure d’une punaise d’eau, dont les glandes salivaires sont pleines de ce germe (cf Travaux de Laurent Marsollier, Bactériologie du CHU d’Angers et Fondation Raoul Follereau), ou peut-être à la suite d’une petite blessure cutanée  mise en contact avec des végétaux  recouverts de ce germe lors des actions de la vie courante dans les eaux du fleuve (se laver, pêcher, laver le linge, la moto etc) ou seulement en traversant les terres inondées, lors de la décrue, car c’est la péroiode où les cultivateurs sèment et plantent (manioc, maïs, piments, tomates etc…). Quelques semaines après, au moins 3 semaines (hypothèse non confirmée) ou plus, une petite boule se développe sous la peau, non douloureuse, évoluant doucement, qui parfois gratte un peu. Parfois cette petite boule s’ouvre après 1 ou 2 mois d’évolution, un petit ulcère (c.a.d :une plaie creusant les tissus sous cutanés) à fond blanc se forme laissant évacuer les tissus graisseux détruits par la toxine du germe. 

Cette petite lésion va évoluer doucement parfois jusqu’à 2 mois avant soit de se cicatriser, soit au contraire de s’étendre. Ce n’est pas une maladie de la peau, mais des tissus situés sous la peau (Hypoderme), c’est pourquoi, lorsque la plaie se forme, c’est que déjà les tissus dessous sont détruits. Les lésions sont souvent situées sur les jambes pour 60% des patients ou sur le bras, souvent le coude pour 30% des patients et pour le reste cela peut-être n’importe où : visage, tronc, abdomen, organes géntaux. Certains patients vont présenter des atteintes osseuses (3 à 5%), qui peuvent être disséminées sur plusieurs membres. La moitié des patients ont moins de 15 ans. C’est une maladie qui touche beaucoup les enfants. Cette maladie, dans sa forme étendue ou disséminée va engendrer des handicaps sérieux. Car beaucoup de lésions se trouvent sur des zones articulaires détruisant les tissus sous-jacents. L’articulation est bloquée. Lorsque cette articulation est un coude, un genou, ou le dos d’une main, les séquelles auront de graves retentissements sur la vie de ces patients.

Cette maladie touche peu de personnes sur l’ensemble du pays (1000 personnes par an au Bénin). Mais elle touche les populations des villages près des rivières ou du fleuve, zones fertiles, où les gens cultivent dès que la décrue s’amorce. Beaucoup de personnes sont touchées dans un même village et en particulier les enfants. C’est pourquoi les gouvernements de ces pays vont s’organiser et demander à l’OMS de prendre à bras le corps cette maladie ancienne mais nouvellement connue. Elle sera guérie après environ 4 mois d’hospitalisation.

L’OMS encouragera les chercheurs et les ONG qui s’occupent des problèmes de santé à se pencher sur cette maladie. Dès les débuts, la Fondation Raoul Follereau se penchera sur ce problème dû à un microbe « cousin de la tuberculose et aussi de la lèpre ». En effet, comme Raoul Follereau ne s’était pas contenté d’envoyer du matériel de pansement aux religieux qui en Côte d’Ivoire à Adzopé voulaient construire une
léproserie pour accueillir les malades de la lèpre, mais  a intéressé les bactériologistes de la tuberculose (maladie dûe aussi à une mycobactérie) et  leur a donné  les moyens de la recherche. C’est pourquoi, le ministère de la santé du Bénin, du Ghana, et de la Côte d’Ivoire se sont d’emblée tournés vers la Fondation Raoul Follereau.

Ainsi, au Bénin, c’est cette Fondation qui finance toutes les recherches sur cette maladie, et aussi toute la prise en charge  de ces patients. Au Bénin, le Programme National de Lutte contre la Lèpre et l’ulcère de Buruli a ouvert quatre Centres de Dépistage et Traitement de l’Ulcère de Buruli (CDTUB) dont celui de Pobè pour la région située le long du fleuve Ouémé. C’est la Fondation Raoul Follereau (France) qui finance le fonctionnement de trois de ces centres. Le 4ème est pris en charge par l’association Raoul Follereau du Luxembourg. Grâce à ce travail bien organisé, le nombre de nouveaux cas a baissé de moitié en 10 ans. Il reste cependant beaucoup à faire encore. N’hésitez pas à aller sur le site de l’OMS (rubrique Ulcère de Buruli), vous aurez tous les détails concernant cette maladie.