Paludisme : revers pour le RTS,S de GSK



Le RTS,S, "candidat vaccin" contre le paludisme développé par le laboratoire GSK et la Fondation Bill & Melinda Gates, après des centaines de millions de dollars investis, n'aurait réduit que d'un tiers les cas de paludisme testés. Sera-t-il un jour commercialisé, interroge le magazine La Recherche (l'Actualité des Sciences) dans un récent article.  La question se pose d'après les résultats obtenus dans le cadre d'un essai d'un an sur 6 537 nourrissons africains âgés de 6 à 12 semaines. Le RTS,S n'aurait réduit que d'environ un tiers les épisodes de paludisme (donc moins que les quelque 50 % obtenus l'an passé dans un essai sur près de 6 000 enfants âgés de 5 à 17 mois).

Selon les projections de l'OMS, pour obtenir un rapport coût-efficacité suffisant, un vaccin antipaludique devrait atteindre une efficacité de 50 % minimum, avec un effet protecteur durant plus d'un an (les vaccins classiques ont une efficacité supérieure à 80 %). « D'après les résultats de ce nouvel essai, le RTS,S ne semble pas près de devenir un vaccin de routine pour les nourrissons », estime Odile Puijalon, spécialiste du paludisme à l'Institut Pasteur.



De fait, les bébés de 6 à 12 semaines constituent une cible stratégique, car dans les pays pauvres, tout vaccin antipaludique, lorsqu'il sera conçu, devra être administré en même temps que les autres vaccins pédiatriques, dans des infrastructures dédiées. Autre point noir : « L'efficacité du RTS,S semble s'estomper au bout de trois à quatre mois », indique Pierre Druilhe, ex-directeur du laboratoire de paludo-vaccinologie de l'Institut Pasteur, en charge du développement d'un candidat vaccin concurrent.


La bataille fait rage. Et de fait, note l'article, le parasite responsable du paludisme serait plus complexe à cibler qu'un virus. Raison pour laquelle il n'existe encore aucun vaccin anti-parasitaire. Un vaccin antipaludique serait de toute façon utilisé en complément d'autres méthodes de protection (par exemple les lits dotés de moustiquaires). « Dans ce contexte, ce n'est donc pas si mal d'avoir obtenu une efficacité supplémentaire d'environ 30 % », confie Éric Mouzin, épidémiologiste dans le cadre du partenariat « Faire reculer le paludisme », présent au Sommet de Davos. Mais de l'aveu de Bill Gates dans un communiqué, cette efficacité d'environ 30 % serait « plus faible que ce que nous espérions ». Certains experts n'hésiteraient pas à parler du « début de la fin », pour le vaccin RTS,S.

L'évaluation à grande échelle du RTS,S se poursuivra jusqu'en 2014, date à laquelle seront publiés l'ensemble des résultats avec un suivi de 30 mois avec l'éventuelle découverte de l'efficacité d'un vaccin amélioré par une dose « booster », censée stimuler le système immunitaire (administrée 18 mois après la troisième dose du protocole de base. (source La Recherche - mensuel n°471 du 01/01/2013 par Jean-Philippe Braly)